EXTRAITS de « Divonne-les-Bains, entre Jura et Léman » (2005, Editions Musnier-Gilbert)
1. Le prieuré
La paroisse de Divonne est de fondation très ancienne, antérieure au VIIIè siècle. A la suite d’une donation faite en 1110 par Guy, évêque de Genève, à Unaldus, abbé du monastère de Saint-Oyend de Joux (Saint-Claude), un groupe de moines prit possession de l’église et de ses dépendances. Le monastère de Saint-Oyend était alors une véritable principauté monastique, dont la puissance s’alliait à la réputation. La première mention du prieuré apparaît dans un accord conclu, vers 1160, entre l’abbaye de Bonmont et la chartreuse d’Oujon. Les moines du prieuré fortifièrent la foi chrétienne, remplissant toutes les fonctions pastorales : célébration de la messe, administration du baptême, bénédiction du mariage, imposition de la pénitence, administration de la communion ou de l’extrême-onction. L’affaiblissement du prieuré se fait sentir au XIIIè siècle, et s’accentue jusqu’à ce que, en 1536, les Bernois le dévastent.
Quelques années plus tard, ils cèdent une partie des revenus à François de Gingins, seigneur protestant de Divonne. Encore cité dans les actes du chapitre de l’abbaye de Saint Claude datés de 1653/656, le prieuré n’est plus qu’une masse sans bâtiment ni église, et donc sans religieux, une dizaine d’années plus tard. En bordure de la rivière s’élevaient les bâtiments du prieuré, dont les vestiges forment aujourd’hui l’angle nord de la place du Monument aux Morts.
2. Réforme et contre-Réforme
Le 30 janvier 1536, Naegeli, chef de l’armée bernoise, reçoit la soumission des places fortes de Nyon, Coppet et Gex au château de Divonne. Les Bernois restèrent maîtres du pays de Gex pendant près de 30 ans. Le château de Divonne fut occupé par deux seigneurs bernois, l’abbaye de Bonmont transformée en bâtiment agricole. L’implantation du protestantisme fut favorisée par l’obligation de l’assistance au culte été la transformation des églises en temples. Mais la religion réformée fut également accueillie par une certaine partie de la population, qui y découvrait des préceptes simples et rigoureux. Divonne fit partie des treize paroisses organisant le pays de Gex, desservie par un pasteur. Toutefois, lors du rattachement des pays de l’Ain à la France en 1601, le pays de Gex devint terre de reconquête religieuse. Aussi les guerres de religion furent-elles meurtrières pour Divonne et sa région.
François de Sales, en juillet 1612, vient en personne à Divonne procéder à la restitution de l’église et au partage du cimetière entre les catholiques et les protestants. Claude de Nambride, curé de Divonne, fut délégué à la gestion d’une partie des biens ecclésiastiques du bailliage, contribuant à l’augmentation du nombre des paroisses catholiques dans le pays de Gex, qui fut multiplié par cinq en l’espace de vingt ans.
3. L’église Saint-Etienne
L’ancienne église de Divonne s’élevait sur la pelouse au sud de l’église actuelle. Elle apparaît en mauvais état au XVIIIè siècle, si bien que l’abbé Montanier de Vens songe à la rénover en 1777, mais il recule devant le coût de l’opération, se contentant d’édifier une modeste chapelle en bois ! Ce n’est qu’une vingtaine d’années après la Restauration que les travaux de reconstruction de l’église débutèrent en 1834, pour se terminer quatre ans plus tard. La nouvelle église fut consacrée par l’évêque de Belley, Mgr Devie, le 29 août 1839. Son style s’inspire de l’architecture classique : elle comporte une nef centrale couverte d’une voûte en plein cintre soutenue par des colonnes cylindriques.
Les chapelles latérales sont dédiées à la Vierge et au Saint Sacrement. Les larges baies en plein cintre éclairent les bas-côtés et sont fermées par des vitraux seulement vers 1850. On accède à l’intérieur par le clocher porche, qui accueille, outre la cloche de l’édifice précédent, trois autres cloches commandées pour former un carillon. Les cloches furent bénies le 5 juin 1898. Le clocher a été modifié selon les plans de l’architecte Maurice Novarina en 1954. Il fut doté d’une grande sphère destinée à porter une grande statue de Notre-Dame de la Paix, sc ulptée par Jacques Martin et fondue en bronze dans les ateliers parisiens des frères Susse. Maurice Novarina, devenu architecte en chef des bâtiments civils et des palais nationaux, conduit les dernières transformations en 1972. Le maître-autel en marbre rose offert par la famille de La Forest est remplacé par une table de pierre, la chaire et la grille de la table de communion sont déposées, la tribune est démolie, les orgues sont déplacées dans le chœur.
Le choix de tons chauds pour les peintures des murs, des plafonds et de la voûte, le nouveau mode d’éclairage, la création d’un sol en pierre polie, avec chauffage intégré, concourent à donner à l’ensemble davantage de clarté et de dépouillement.